Par Firmin Edouard Matoko, Sous-directeur général, Priorité Afrique et Relations extérieures
Ce blog fait partie d’une série qui invite acteurs et penseurs à renouveler le discours actuel sur l’Afrique et son développement.

Les africains ont aujourd’hui plusieurs certitudes quant au futur de leur continent: celui-ci regorge de richesses naturelles (« un scandale de la nature » disent certains) ; il est culturellement riche et abonde de ressources humaines talentueuses. Enfin, après des décennies d’enfermement idéologique et d’injustice épistémique, l’Afrique est désormais capable de penser par elle-même et d’écrire son avenir[1].
La réalité d’une Afrique riche en ressources naturelles mais non encore totalement exploitées a été le fil conducteur des stratégies de développement post-indépendances d’inspiration classique ou libérale. Deux économistes africains, l’égyptien Samir Amin et le zimbabwéen Thandika Mkandawire se distinguent très vite par leurs analyses sur les conditions inégales de développement des pays africains et en se situant dans un schéma de rupture anticolonial. Dans un sens, on peut situer à travers les thèses de ces deux précurseurs le point de départ d’une pensée africaine du développement. D’ailleurs, la création en 1973 du CODESRIA dont les deux éminents économistes suscités furent secrétaires exécutifs avait pour objectif de « développer des capacités et des outils scientifiques susceptibles de promouvoir la cohésion, le bien-être et le progrès des sociétés africaines. Ceci passait évidemment par l’émergence d’une communauté panafricaine de chercheurs actifs, la protection de leur liberté intellectuelle et de leur autonomie dans l’accomplissement de leur mission et l’élimination des barrières linguistiques, disciplinaires, régionales, de genre et entre les générations ».